Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Tout autour du vin

3 avril 2009

liberté, égalité !

Une petite réflexion avant de partir suite à un article que je viens de lire sur le prix des vins...

La crise est là. La crise économique. Elle touche tous les secteurs. Durera ou durera pas ? Personne ne le sait. Dans le monde du vin, et particulièrement à Bordeaux, elle s'ajoute à des problèmes structurels dont nous reparlerons une autre fois.

Ce qui me frappe tout d'un coup, c'est que je n'ai jamais autant entendu parler d'égalité. Et que au moment même où l'ensemble des gouvernants (le G20) suivant les médias et les opinions publiques réclament aux grands patrons et autres traders de la décence concernant leur rémunération, l'ensemble du monde du vin réuni à Bordeaux réclame avec force une baisse des prix des grands crus...

Il est de bon ton de reprocher leur prix aux grands vins, de dire qu'ils sont des instruments de spéculation, qu'ils ne sont plus bus et que leur propriétaire se "gave" au mépris des pauvres consommateurs obligés de se contenter de vins plus modestes ! De la même manière il est bien aujourd'hui de critiquer les sommes astronomiques perçues, sous quelque forme que ce soit, par l'élite de nos entreprises !

J'ai entendu dans un débat télévisé un responsable politique dire que l'échelle des salaires dans notre société devrait être de 1 à 40. C'est à dire que personne ne devrait gagner plus de 40 fois le SMIG. Pourquoi pas ??? Cependant... il ajoute que cela correspond à une "norme sociale" ! Et là je bondis !!!! Je ne veux pas de norme sociale !!!! Ca ne vous rappelle pas la "dictature du prolétariat" !!!

Revenons au vin... De la même manière que pour les salaires, je suis incapable de dire si Pétrus vaut mille fois le prix d'un petit bordeaux. Ce que je sais c'est qu'il est mille fois plus demandé... Qui est capable de fixer le prix d'un vin, d'un tableau, d'un salaire ???

Le capitalisme n'est pêut être pas le meilleur des systèmes économiques mais il est le moins pire !

A vos commentaires et bon week end !

Publicité
Publicité
3 avril 2009

Bonne chance !

Le monde du vin est un milieu plutôt conservateur. C'est encore plus vrai en France et, à Bordeaux, cela confine parfois à l'immobilisme ! Les raisons sont multiples, elles tiennent aux hommes, au produit, aux structures mais ce n'est pas aujourd'hui le but de mon article que de traiter de ces questions. Non, je voudrais plutôt saluer aujourd'hui une initiative qui me semble intéressante et novatrice.

Il y a quelques années 5 appellations du Bordelais (Côtes de Castillon, Côtes de Francs, Premières Côtes de Bordeaux, Premières Côtes de Blaye et Côtes de Bourg) ont décidé de s'associer sous une bannière commune (Les Côtes de Bordeaux) pour développer leur notoriété et communiquer ensemble, notamment sur les marchés export. De cette association et du travail commun effectué est née la volonté d'aller plus loin et de se regrouper sous une même AOC Côtes de Bordeaux. Au passage, les côtes de bourg, ont décidé de poursuivre leur chemin de leur côté. Pour donner une image, après quelques années de vie commune, les 4 AOC de côtes ont décidé qu'il était temps de s'unir officiellement, de se marier pour le meilleur et pour le pire !

Avant de vous expliquer en quoi cette nouvelle me semble porteuse d'optimisme, je voudrais en trois mots vous expliquer les changements que ce projet induit. Soit 4 AOC bordelaises : Premières Côtes de Blaye, Premières Côtes de Bordeaux, Côtes de Castillon et Côtes de Franc. Elles ont chacune leur spécificité mais sont globalement proches par la structure de leur propriété, leur terroir, leur niveau de prix et de qualité. Elles sont à peu près connues en France (et encore...) mais souffre d'un véritable déficit de notoriété à l'étranger (allez parler de Castillon à un texan !!!). Le but de la réforme est de créer une AOC Côtes de Bordeaux qui sera le socle commun (la marque ombrelle en termes marketing) de ces appellations. Puis, éventuellement, de décliner cette marque selon l'origine plus spécifique du produit autour de 4 locales ou communales : Castillon, Blaye, Franc et Cadillac. Ainsi, par exemple, les premières côtes de bordeaux deviennent Cadillac Côtes de Bordeaux, les Côtes de Castillon : Castillon Côtes de Bordeaux, et ainsi de suite. Le niveau de qualité des locales est a priori supérieur à celui de l'appellation Côtes de Bordeaux puisque les conditions de production (rendement, densité de plantation etc...) sont plus restrictives. Voilà en quelques mots pour la partie technique.

Plusieurs points me semblent rendre cette initiative particulièrement heureuse :

1- C'est en premier lieu un signe positif donné à un marché quelque peu déprimé en ce moment. Quand la tendance est à se refermer sur soi et à s'apitoyer sur son sort, je trouve courageux et encourageant que des hommes et des femmes réagissent par une réforme ambitieuse et volontariste. Courageux oui car rien n'est gagné. Si la réforme peut sembler couler de sources, il n'en demeure pas moins des incertitudes sur la réaction des différents acteurs en France et à l'étranger. Telle enseigne ne va t'elle pas être tentée de diminuer ses références ?  Tel consommateur ne va t'il pas perdre les quelques repères qu'il avait ? etc..  Courageux aussi car les obstacles furent rudes tant le conservatisme de la filière est parfois fort que ce soit au niveau des producteurs de ces AOC (exemple des Côtes de Bourg) ou au niveau des pouvoirs publics (INAO en premier lieu). Mais la détermination de chacun et l'aide précieuse de certains (même au sein de l'INAO !!!) ont permis au projet d'aboutir. Le message destiné aux acteurs du marché est clair et positif : des producteurs bordelais s'unissent pour s'adapter !

2- Un autre point positif est selon moi la simplification de la lecture des ces AOC sans pour autant perdre leur spécificité. Il y a 57 AOC à Bordeaux, plus de 400 en France rien que pour le vin. Qui est capable de les citer ? Qui connaît l' "Entre deux Mers Haut Benauge" ?? A force de vouloir mettre en avant ses spécificités et son authenticité pour se démarquer dans un contexte hyper concurrentiel, on finit par créer des marques (l'AOC est une marque collective) sans aucune justification ni historique, ni technique ni encore moins économique et surtout sans aucun moyen pour les promouvoir !!! Imaginer que le CIVB, grosse machine à promouvoir et défendre les vins de Bordeaux, doit communiquer sur les 57 AOC de Bordeaux !!! Dans ce contexte, le regroupement de 4 AOC sous une même bannière lisible, compréhensible et visible est une excellente nouvelle. Et ceci sans perdre pour autant ce qui fait parfois l'attrait de nos produits, à savoir le terroir, le caractère et la rareté. En effet, il est conservé, selon la volonté de l'opérateur, la possibilité de coller au "nom de famille" Côtes de Bordeaux, le "prénom" Cadillac, Blaye, Castillon ou Franc.

3- Ce qui nous amène naturellement au troisième point positif, les aspects marketing et économiques. Nous sommes face à une réforme particulièrement intéressante et novatrice puisque c'est une réforme qui intègre au sein du concept d'AOC des aspects liés au marché. Pour faire simple, la réforme se veut un outil à destination des opérateurs. Elle s'appuie sur une réalité historique et agronomique mais y ajoute la volonté de répondre à l'évolution du marché, et notamment sa mondialisation. Les Côtes de Bordeaux ensemble c'est près de 15% des volumes de Bordeaux, c'est près de 100 millions de bouteilles chaque année. Chacune aura le même nom de famille. Et les négociants pourront créer des marques sous cette AOC en assemblant des vins issus de castillon, blaye ou cadillac. Et le producteur pourra choisir, dès lors qu'il respecte les critères de production demandés, de commercialiser son vin sous l'appellation générique Côtes de Bordeaux (par exemple pour le grand export) ou sous l'appellation  locale + côtes de bordeaux (par exemple pour sa clientèle particulière ou pour le caviste parisien). Voilà des outils qui confèrent une plus grande liberté d'action aux opérateurs. Voilà enfin une réforme qui, au lieu de contraindre chacun à se conformer à des règles draconiennes, permet à tous d'adapter sa production à ses objectifs et ses marchés !

Je souhaite donc une longue vie et un avenir radieux aux COTES DE BORDEAUX. Puisse le marché reconnaître la qualité de leur produit et le dynamisme de cette initiative ! Amen !

Pour en savoir plus : www.bordeaux-cotes.comwww.bordeaux-cotes.com et www.blog-cotesdebordeaux.comwww.blog-cotesdebordeaux.com

2 avril 2009

du vin et des hommes...

Le métier de viticulteur m'a apporté beaucoup de choses. Mais si je devais en retenir une seule, ce serait  les qualités humaines des personnes que j'ai pu rencontrer. Certes vous allez me dire avec raison que c'est vrai de tous les métiers, dans tous les secteurs. J'ajouterais cependant une nuance : le vin ! Je me suis souvent demandé pourquoi je gardais cette impression d'avoir rencontré des gens formidables. J'ai travaillé dans un autre secteur avant et j'y ai également rencontré des gens intéressants mais mes relations sont restées plus froides, plus superficielles. J'en arrive donc à la conclusion que le vin ouvre des portes. D'une part parce que c'est un produit noble, ou qui jouit de cette image. D'autre part parce que c'est un produit convivial, de partage. Jésus lui même n'a t'il pas partagé le vin avec ses disciples ???

Ainsi, que ce soit des amateurs ou des professionnels, de simples particuliers ou de grands importateurs, des producteurs ou des buveurs (les premiers font toujours partie des seconds d'ailleurs), j'ai eu la chance de vivre des moments inoubliables. Une dégustation aux USA, un Wine diner en Asie, un dîner au cours d'un déplacement, un salon ou simplement l'accueil d'un touriste à la propriété, c'est toujours l'occasion d'un dialogue, d'une communication et d'un partage que peu de produit peuvent permettre. Imagine, cher lecteur (que je tutoie puisque nous sommes dans un instant de convivialité), que je me sois destiné à produire et vendre des chaussettes... Crois tu que j'aurais en mémoire autant de bons moments ?

Certes j'ai aussi croisé des c... ! Mais sans ceux-là il serait plus difficile d'apprécier tous les autres ! Certes aussi il faut parfois faire l'effort d'ouverture et d'approche voire de tolérance pour créer une belle relation. Mais c'est vrai de toute relation.

Pour me faire mieux comprendre, je voudrais citer en vrac :

  • de riches hommes d'affaires qui ont acheté une propriété pour se faire plaisir (et aussi pour défiscaliser) et qui possède le dynamisme, les moyens et l'envergure pour faire bouger les choses.

  • des passionnés qui se tuent à la tâche du matin au soir, été comme hiver, pour produire de véritables petits bijoux de pureté et de caractère sans que cela soit toujours reconnu mais ils s'en foutent ils sont heureux !

  • de jeunes asiatiques émerveillés dès lors que vous expliquez avec un tant soit peu de passion ce qui fait le caractère d'un vin

  • des importateurs américains qui deviennent en une heure de dialogue votre meilleur ami, vous tapent dans le dos en baragouinant votre prénom et partent d'un grand éclats de rire puis vous oublient aussi rapidement qu'ils vous ont découvert. Ne leur en voulez pas, c'est leur manière d'être, il faut juste le savoir !

  • des gens brillants, intelligents, bon vivant, artistes, musiciens ou hommes de communication, dentistes voire même inspecteur des impôts, bref des gens issus de tous horizons dont le seul point commun est d'être amateur, buveur et ça les rend ... attachants, drôles, humains voire souvent philosophes. Peu importe si c'est le vin qui les rend ainsi ou le contraire (si ils aiment le vin parce qu'ils sont ainsi), le résultat est là !

Je ne voudrais pas gâcher la note gaie voire presque optimiste de cet article en ajoutant que tout cela est très bien mais ne nourrit pas son homme ... Et je parlerais une autre fois des expériences amères voire douloureuse que tout viticulteur peut être amené à vivre. Non ! Oublions celà pour le moment ! Oublions la crise et rendons hommage à ceux qui font du vin et à ceux qui le boivent.

Je finirais donc cet article sur un brin de philosophie en citant Gabriel Delaunay et en reprenant cette phrase inscrite sur les murs du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux :

"Il y a une civilisation du vin, c'est celle où les hommes cherchent à mieux se connaître pour moins se combattre."

mais encore et surtout Pierre DAC : 

" Les bons crus font les bonnes cuites"

31 mars 2009

Humour bis... mais pas de moi !

L'article est drôle mais au final plein de bon sens... et comme c'est l'époque des dégustations... http://closdesfees.com/blog2/index.php/post/2007/11/25/Robert-Parker-et-les-soutiens-gorges

31 mars 2009

Humour Noir

Arnaque au vin envers des personnes âgées: quatre mises en examen en Vendée (AFP - 25/03/09) :
"Quatre personnes soupçonnées d'avoir vendu à des personnes âgées du vin de mauvaise qualité en le faisant passer pour du vin haut de gamme ont été mises en examen à La Roche-sur-Yon pour abus de faiblesse, a indiqué mercredi la gendarmerie.
Trois femmes et deux hommes âgés de 35 à 58 ans ont été interpellés la semaine dernière en Vendée par la gendarmerie. Ils sont soupçonnés d'avoir abusé près de 70 personnes âgées.
Affirmant vendre des vins de grandes régions viticoles, des vins en fait achetés dans des supermachés à bas prix, les escrocs présumés ont soutiré des chèques de 500 à 1.000 euros à leurs victimes.
En septembre, des enfants de victimes ont porté plainte, déclenchant une enquête de la gendarmerie qui a évalué l'arnaque qui durait depuis deux ans à quelque 200.000 euros.
Quatre des personnes interpellées ont été mises en examen, notamment pour abus de faiblesse envers des personnes vulnérables. Elles ont été remises en liberté sous contrôle judiciaire
."

Ce n'est certainement pas drôle pour ces personnes agées dont la volonté de prolonger leur vie au delà du raisonnable grâce aux vertus des polyphénols doit être saluée et dont nombres de retraités buveurs d'eau au delà du raisonnable feraient bien de s'inspirer... Donc ce n'est pas drôle... Enfin... Si... Un peu... Pierre Desproges disait : "On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui". Je pense Ami Lecteur que tu n'es pas n'importe qui. Donc je peux rire avec toi.

Et surtout me demander si je ne vais pas aller porter plainte de ce pas à la gendarmerie quand je pense aux nombres de Saint Emilion que j'ai bu et qui n'avait pas le caractère d'un Languedoc à 4 €, à toutes les bouteilles de vins fluides, légers, creux pourtant produites dans des AOC prestigieuses, à tous les Champagnes acides et amers vendu près de 10 € dans les rayons aux moments des fêtes...

Et quand je pense aussi et surtout à tous ceux qui ont acheté des primeurs 2007 ou 2006 ou 2005 ou 2004 ou.... et qui les trouvent aujourd'hui partout à des prix inféreurs au prix d'achat !! Oui je souris (moi aussi j'en avais acheté !!!) !

Et que dire de ceux qui avait voté Mitterand pour avoir une politique de gauche ou Chirac pour une politique libérale ! Ou encore ceux qui ont acheté un paquet de jambon dont la date limite de consommation est dépassée depuis 3 jours ; ceci n'a rien à voir avec la phrase précédente et ça m'est arrivé hier !

Bref, on s'est tous fait e..... au moins une fois dans sa vie et ça fait mal ! Et ça me fait sourire....

Publicité
Publicité
31 mars 2009

... et pendant ce temps !

Pendant que la vigne pousse, insensible aux vissicitudes du marché, la "grande semaine primeur" a débuté à Bordeaux. Depuis dimanche et jusqu'à samedi, nombre de journalistes, acheteurs, importateurs, distributeurs, dégustateurs, amateurs et autres commentateurs vont venir à Bordeaux goûter le nouveau millésime. Ils viennent des quatre coins du monde et l'ensemble de la profession se met en quatre pour les recevoir en grande pompe. Comme un avant goût de Vinexpo, les pelouses sont tondues, les propriétaires injoignables, les plaquettes imprimées, les traiteurs réservés et les vins arrangés !!!

Deux questions donnent cependant à la fête cette année un goût particulier et inhabituel.

1- le millésime sera t'il à la hauteur ??? Après 2005, 2006, 2007 et 2008 (bien que de qualité différente) ont été trois millésimes tardifs. Et comme souvent à Bordeaux, les millésimes tardifs ne sont pas les plus demandés. C'est que finalement, nos acheteurs, on ne peut leur faire prendre des vessies pour des lanternes ! Et que le raisin, pour mûrir convenablement, il a besoin d'une certaine quantité de soleil (et de feuilles aussi mais nous y reviendrons une autre fois). La très sérieuse Faculté d'Oenologie de Bordeaux nous livre ainsi ces chiffres qui résument pour moi une bonne partie du millésime. La durée d'insolation totale d'avril à septembre est en moyenne de 1435 heures entre 97 et 2006. Elle est de 1334 heures en 2008. Certes, on va trouver des contre exemples et, à droite comme à gauche (je parle des rives de la garonne !) des vins magnifiques. Il n'empêche que 2008 reste pour moi un millésime moyen à bon sur la moyenne du bordelais. Mais ceci il vaut mieux le garder pour soi. Ce n'est pas le moment de le dire ! De toute façon, l'essentiel c'est que les médias, et particulièrement les grands critiques mondiaux, attribuent une bonne note à ce millésime.

2- Mais au delà de la qualité du millésime, c'est le prix auquel il sera vendu qui inquiète les professionnels et alimente toutes les conversations. Cette semaine, le monde du vin goûte les 2008. Mais dans les semaines et les mois qui vont suivre, il va falloir le vendre, et le vendre "en primeur". Je parle là des quelques crus bordelais (100 à 200 quand même) qui vendent en primeur. Après la folie du millésime 97, puis 2000 puis 2005, tous les acheteurs réclament des baisses de prix. Des distributeurs anglais menacent de boycotter le millésime si les prix ne reviennent pas à la hauteur de ceux de 2004. Les négociants bordelais, coincés entre les producteurs et leurs clients, aimeraient eux aussi que les prix baissent. Ils savent que sinon 2008 sera et restera un millésime très difficile à vendre. Déjà des bruits courrent... Chateau Margaux sortirait à -50%.... Ce serait un signe fort... Alors baissons !!! Oui mais... comme toujours, il y a les effets pervers, le revers de la médaille ! Si le prix de 2008 est nettement inférieur à celui des 2006 et 2007, que vont devenir ces vins qui encombrent les chais des négociants (ou leur bilan pour ceux qui ne sont pas encore livrés mais déjà achetés ). Le message serait en quelque sorte : "on vous a pris pour des cons pendant 2 ans mais vous vous en êtes rendus compte"... J'exagère évidemment. Mais comment expliquer qu'un millésime aussi bon sinon meilleur que les 2 précédents est vendu 2 fois mois cher....

On touche là la spécificité et parfois l'absurdité du marché bordelais des grands crus. La seule explication possible à la lumière de ce que je viens rapidement de décrire est que ce marché est devenu SPECULATIF. De telles variations de prix en quelques mois ne se rencontrent pas sur des produits de consommation courante. Vous imaginez acheter votre Renault Clio 15000 € en 2008 et 7500 € en 2009 ? Donc, à partir du moment où on considère que ce marché est spéculatif, il faut en accepter les règles. Il ne peut concerner que quelques initiés, et il comporte bien évidemment des risques. Et cela vaut pour Messieurs les acheteurs qui réclament des baisses, comme pour messieurs les vendeurs qui ont profité d'une demande qu'on peut considérer partiellement artificielle (les bonus de la City ne se fêtent plus actuellement autour d'un Petrus).

Et après ? Le problème de tout cela est que ce marché spéculatif se situe tout de même au sein d'un marché bien réel et beaucoup plus traditionnel : celui des vins de bordeaux, lui même intégré dans le marché mondial des vins (dont nous avons parlé il y a quelques jours ). Et que ce marché spéculatif a toujours joué à Bordeaux un rôle de révélateur et de locomotive. C'est assez simple à comprendre : en bref, quand les "grands crus" toussent c'est tout Bordeaux qui s'enrhume. Pour deux raisons :

D'une part, si ceux qui sont en haut de l'échelle baissent leur prix sous la pression des acheteurs, il y a inévitablement un effet en cascade. Les seconds vins des grands vont baisser eux aussi et venir concurrencer les meilleurs vins issus de région à plus faible notoriété. Encore une fois, prenons un exemple pour être clair. Si demain Audi décide de baisser le prix de son Q7 de manière significative, l'ensemble de la gamme devra suivre. Et au final l'Audi A3 sera au prix de la Clio... Il y avait à ce sujet un article intéressant dans le JDD de dimanche dernier (http://www.lejdd.fr/cmc/economie/200912/pourquoi-le-prix-des-vins-va-baisser_196372.html). Quand vous allez trouver le second vin d'un cru classé ou d'un Saint Emilion Grand Cru à 12 € en supermarché à Pâques ou à l'automne, à quel prix le moins connu mains néanmoins délicieux Chateau Robin devra t'il se positionner ???

D'autre part, ce sont, à Bordeaux, les négociants qui vendent la quasi totalité des grands crus mais aussi une grande partie de la production bordelaise. Donc ce sont les mêmes acteurs qui sont présents à la fois sur le marché spéculatif et sur le marché traditionnel. Si les capacités financières de ces acteurs sont amoindries du fait de leur perte sur le marché spéculatif, ils vont avoir du mal à intervenir et maintenir leur position sur le marché traditionnel. Autrement dit, du fait de leur stock dévalué, les négociants vont hésiter à inverstir sur des marques moins connues. Cela ne vous rappelle t'il pas quelque chose ? Les banques qui ont perdu beaucoup d'argent sur des placements risqués ont aujourd'hui des difficultés pour prêter de l'argent au particulier ou à la PME. En s'éloignant de leur activité traditionnelle, elles ont pris des risques inconsidérées. Il en est de même des négociants.

Pour ces deux raisons, je serais tenté de dire : "messieurs, ne baissez pas les prix !" Car ce faisant ce n'est pas vos entreprises que vous mettrez en difficulté mais celles de la majorité des producteurs bordelais ! Ceci dit, si j'étais propriétaire d'un grand cru, je crois que je baisserais les prix ! Encore que...

Jean Jacques ROUSSEAU (un grand pessimiste !!!) : "Celui qui n'a rien désire peu de choses ; celui qui ne commande à personne a peu d'ambition. Mais le superflu éveille la convoitise : plus on obtient, plus on désire"

31 mars 2009

C'est parti...

Nous voilà quasiment au mois d'avril... Les jours rallongent et depuis plus de deux semaines, il fait beau sur le vignoble bordelais ... La taille de la vigne est terminée. Les feuilles commencent à apparaître comme le montre les deux photos ci-dessous :

PointeVerte ou SortieFeuille

On craint les gelées matinales. On commence à penser au travaux de printemps. Bref, le travail de la vigne est pour moi, contrairement à ce que peuvent dire les "vignerons poètes", un éternel recommencement ! Je sens déjà les vendanges approcher...

30 mars 2009

Coup de projecteur...

Chateau_ROBINJuste un rapide article sur un vin que j'ai goûté plusieurs fois et dont je voudrais saluer la qualité et la régularité.

Il s'agit du CHATEAU ROBIN, AOC Côtes de Castillon (bientôt Castillon Côtes de Bordeaux, nous en reparlerons).

Petite propriété d'une dizaine d'hectare, sur les côteaux lorgnant la Dordogne, à quelques kilomètres de Castillon La Bataille et une quinzaine de Libourne.

Ce vin mériterait d'être dégusté à l'aveugle au côté de beaucoup de Saint Emilion qui valent 2 fois son prix. Quand on parle de rapport qualité / prix, c'est souvent pour masquer la faible qualité d'un vin. On s'en sort en général par une pirouette du style : "ouais... il est pas excellent mais il est pas cher !".

Ici, pas de faux semblant, pas de fausse modestie. Ce vin n'est pas cher au regard de sa qualité.

A la fois moderne et révélateur de son terroir, plein de caractère sans être rustique, concentré mais soyeux, les derniers millésimes sont de vraies réussites ! Je ne ferais pas de commentaires élogieux de dégustation. Je préfère laisser à chacun le soin de juger. Ce que je peux dire c'est que ce vin m'a toujours procuré beaucoup de plaisir ... et c'est quand même l'objectif non ???

27 mars 2009

Compléments au post précédent

Pour compléter le tableau je viens de lire quelques conclusions d'une étude publiée par VINEXPO.

Je n'en ferais pas le résumé (j'ai autre chose à faire) mais on retiendra deux choses :

1- En 2007 : production mondiale (en 2007) = 252 millions d'hectolitres. Consommation mondiale = 236 millions d'hectolitres. Différence = surproduction = 16 millions d'hectolitres. Soit quand même 3 fois la production annuelle de Bordeaux. Alors certes la consommation augmente dans le monde, et plus vite que la production mais ... cela fait réfléchir. D'autant plus que cette surproduction était quasiment la même il y a 5 ans !!! Et sur tout marché quand l'offre est supérieur à la demande, le prix baisse.

2- D'où mon deuxième point, l'étude parle de la répartition de la consommation de vin par tranche de prix. Vous serez heureux d'apprendre, vous, les amateurs avertis, les esthètes et autres épicuriens, ceux qui n'hésitent pas à acheter des bouteilles à plus de 10 €, vous serez donc heureux d'apprendre que vous êtes des êtres rares !!!! (merci à vous cependant). En effet, accrochez vous bien, dans le monde les vins vendus à plus de 3,5 € TTC prix public ne représentent que 15% du marché !!!!! En France, c'est même pire, les vins vendus à plus de 7,5 € représentent à peine 6% des volumes vendus.

Sur ce ... bon week end, moi je vais me pendre !

27 mars 2009

La réalité de Bordeaux

Quelques chiffres aujourd'hui afin de mieux connaître la réalité des vins de Bordeaux...

Tout d'abord, Bordeaux c'est 57 appellations et plus de 10 000 producteurs...Il faut quand même savoir que ces producteurs sont 50% à apporter leur production à une coopérative (elles sont une cinquantaine et représentent 25% de la production de bordeaux). Les 50% restant vinifient eux même leur raisin. La production globale de l'ensemble de s ces AOC s'est élevé en 2008 à quasiment 5,7 millions d'hectolitres (soit un équivalent de 760 millions de bouteilles).

Où partent ces millions de litres ?

Et bien vous serez peut être surpris d'apprendre que près de la moitié de ces volumes partent en vrac (44%). C'est à dire qu'ils servent à alimenter le négoce pour les marques (nombreuses) et autres MDD (Marques De Distributeurs ; c'est à dire les marques créées et commercialisées directement par La GMS). Ces volumes achetés en vrac (principalement dans les AOC génériques Bordeaux et Bordeaux Supérieurs amis aussi des les appellations de Côtes) le sont à des prix terriblement bas. En 2008, les Bordeaux (qui représentant 60% des volumes de vrac) se sont vendus à un pris moyen de 967 € / tonneau de 900 litres (unité de mesure), soit l'équivalent de 0,80 € les 75 cl.....

Et le reste ? 11% sont des retiraisons de vrac en bouteille (même chose que le vrac sauf que la mise en bouteille est faite à la propriété) à des prix proches de ceux du vrac... 21% partent en bouteille en France (principalement en GMS où les vins sont vendus pour 75% à moins de 4 € la bouteille) et 26% à l'export.

Aaaahhh... l'export... rémunérateur ??? 55% des AOC Bordeaux partent à moins de 2,25 € la bouteille et de 3,30 € pour les appellations de Côtes. Pour simplifier on peut dire que 75% des bouteilles de vins à Bordeaux qui partent à l'export partent à un prix inférieurs à 3 €.

Il ne s'agit pas de contester, déplorer ou s'apitoyer. C'est la réalité, les faits. Il faut les connaître pour analyser...

Qui a dit que les bordeaux étaient des vins chers ????

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Publicité
Tout autour du vin
Newsletter
Publicité